Ce lundi 22 mai, l’ensemble des enseignants de l’école du Pivollet, soumis à de graves difficultés, seront en grève. Marc-Antoine Jamet vient d’adresser une lettre aux parents d’élèves de l’établissement afin de les informer de la situation et réaffirmer le soutien de la municipalité à l’équipe enseignante.
Madame, Monsieur,
Les enseignants des écoles élémentaire et maternelle du Pivollet font face, depuis plusieurs semaines, à de graves difficultés. Elles sont directement liées à la scolarisation d’une élève de CM1 porteur de handicap et à son suivi. Cette situation est évidemment complexe et douloureuse pour l’enfant, une petite fille de 11 ans souffrant de troubles importants du comportement, comme pour sa mère, ainsi que pour le compagnon de celle-ci. Pour autant, elle ne donne pas le droit, à ses parents pas plus qu’à qui que ce soit, de prendre à parti, de menacer ou d’intimider un instituteur ou une directrice d’école. La famille, nouvellement arrivée à Val- de-Reuil et qui a déjà eu la même attitude dans plusieurs des différentes communes où elle s’est installée, n’a manifestement pas conscience du caractère obligatoire de cette règle.
Néanmoins, depuis près de deux mois, avec l’appui des services déconcentrés du ministère de l’Éducation Nationale, de multiples solutions ont été proposées pour l’enfant à cette famille. L’objectif était, avant tout de trouver la réponse la plus adaptée au bien-être de l’élève et à sa santé, d’apaiser sa famille, mais aussi de retrouver des conditions favorables à l’apprentissage des autres élèves de l’établissement, certains d’entre eux étant perturbés par cette controverse. Par deux fois, la directrice départementale de l’Éducation Nationale, pour ce faire, s’est déplacée dans l’établissement.
A l’issue d’une période d’observation qui a permis, notamment, d’identifier ses besoins particuliers, l’équipe de suivi de scolarisation a mis en évidence la nécessité pour l’élève de suivre un parcours en classe ULIS. Cette proposition a été refusée par la famille qui s’est montrée particulièrement véhémente, recherchant, à travers des altercations verbales répétées, à mettre volontairement en échec toutes les pistes de règlement (mise à disposition d’une AESH, réquisition de moyens de transports particuliers) qui lui étaient soumises. Ces réactions peuvent légitimement inquiéter puisqu’elles vont à l’encontre de la santé, de l’éducation et, de manière plus générale, des intérêts de l’enfant.
Quoi qu’il en soit, une fois encore, des différences d’appréciation quant aux systèmes de scolarisation envisagés ne peuvent justifier les imprécations, les menaces ou les actes d’intimidation qui ont été régulièrement proférés à l’encontre de l’équipe enseignante, devant des fonctionnaires de la Ville, d’autres parents et des enfants. Des mesures de protection de ceux de leurs personnels qui étaient ainsi visés ont donc été prises conjointement par l’Éducation Nationale et la Ville. Une équipe mobile de sécurité a été mobilisée par l’Inspectrice d’Académie de l’Eure. Elle a été, devant la réaction hors de proportions de la famille, totalement insensible à sa médiation, renforcée d’abord par deux agents de la police municipale, puis par un équipage de la police nationale présents aux entrées, le matin et, en milieu d’après-midi, aux sorties des élèves.
La situation dégénérant et pouvant devenir dangereuse, plusieurs enseignants ont déposé plainte au Commissariat de Police de Val-de-Reuil. Deux d’entre eux ont été arrêtés pour une semaine par leur médecin. L’AESH ne pouvant, du fait du comportement de la famille, poursuivre sa mission, a préféré y renoncer. Le maire de Val-de-Reuil a saisi le préfet del’Eure, dépositaire de l’ordre républicain, après avoir reçu dans son bureau la mère de l’enfant, cette dernière, en effet, appliquant avec lui et ses collaborateurs la même tactique de blocage qu’avec les enseignants, son conjoint indiquant même, avant de claquer violemment la porte de l’Hôtel de Ville, qu’il souhaitait que lui soient opposées « l’armée, l’antigang, la BRI et la BAC ».
Cette réalité est celle que doivent endurer depuis de nombreux jours, la direction et les équipes des écoles du Pivollet. Pour alerter leur hiérarchie et les Rolivalois, protester contre le comportement inadmissible de la famille et éviter qu’un nouvel incident ne dégénère, ils ont décidé de faire grève ce lundi 22 mai. Par conséquent, tout au long de cette journée, les enseignements ne seront pas assurés et, normalement, ne reprendront qu’à partir du mardi 23 mai.
Dans ce contexte délétère, la municipalité, solidaire de l’ensemble des enseignants de Val- de-Reuil, apporte son soutien à l’équipe et à la directrice du Pivollet. Leur travail, leur dévouement et leur engagement sans faille, dans le cadre du service public de l’éducation, contribuent chaque jour et depuis de nombreuses années, à la réussite et à l’épanouissement des élèves rolivalois sans la moindre exception. Ils ont notre reconnaissance et notre confiance.
Lundi 22 mai, il est donc demandé aux familles, dans la mesure des possibilités d’absence accordées par leur employeur, de garder leur(s) enfant(s) à leur domicile.
Pour ceux dont les deux parents travaillent et ne disposeraient d’aucun autre moyen de garde, avec Catherine Duvallet, notre remarquable première adjointe, chargée de l’éducation, nous avons décidé que la Ville répondra à l’obligation légale qui lui est faite de garantir pour leurs enfants un service minimum d’accueil. Les personnes concernées sont invitées à se signaler avant le vendredi 20 mai – 12h00, afin de permettre aux services municipaux d’organiser cet accueil dans les meilleures conditions.
Pour en bénéficier, nous vous remercions de nous écrire à l’adresse mail enfancejeunesse@valdereuil.fr en précisant le prénom et le nom de votre enfant ainsi que sa classe.
J’ai longuement hésité à mettre en place ce service minimum. Il est insupportable d’être accusé de racisme, sur l’ensemble des réseaux sociaux, par la toute récente habitante d’une Ville dont elle ignore tout et qui ne sait pas ce qui s’y est construit au titre du Vivre Ensemble depuis des décennies. Il est inadmissible d’être soupçonné par une personne que vous ne connaissez pas et qui ne vous connaît pas de ne pas rendre sa commune accessible à tous quand on a fait en sorte qu’elle puisse accueillir près de la moitié des personnes handicapées de son agglomération et ouvrir dans moins d’un an une extraordinaire classe inclusive. En agissant ainsi, cette mère qui croit défendre son enfant s’en prend à tous les autres.
Soyez assurés qu’en lien permanent avec les services de l’Éducation Nationale, la municipalité et les services de la Ville sont pleinement mobilisés pour permettre que l’école du Pivollet retrouve calme et sérénité. J’espère avoir votre appui. Il m’est nécessaire.
Marc-Antoine JAMET, Maire et conseiller départemental de Val-de-Reuil