À tout juste 25 ans, Joris Jagu, apprenti initiateur sportif au VROL vient de remporter les championnats de France de lutte adaptée. Un modèle pour tous les jeunes lutteurs. Rencontre.
Il est fier de porter la voix des personnes en situation de handicap. Jeudi 7 avril, ce jeune apprenti BPJEPS au Val-de-Reuil Olympique Lutte, a remporté les championnats nationaux de lutte adaptée en -80kg catégorie CD de niveau 1. En plus de cette prouesse sportive, Joris a montré à tous qu’il est possible d’atteindre ses objectifs tout en ayant un handicap.
Premier Normand encadrant dans un club
La médaille autour de son cou, le trophée dans sa main, Joris a le sourire. Avant de se lancer dans la lutte, ce jeune Rolivalois âgé de 25 ans a fait ses premiers pas dans le Kun Fu. “J’ai commencé le sport à 13 ans, d’abord dans des clubs d’arts martiaux dont la Boxe thaï et le Kun Fu à Val-de-Reuil. J’avais un projet de devenir éducateur sportif et le conseiller technique régional de lutte m’a vite mis en relation avec le VROL”, se souvient le sportif qui passe à cette époque les tests d’entrée au CFA de l’ASRUC à Mont-Saint-Aignan. Un parcours du combattant pour ce jeune autiste asperger qui a dû faire appel à des médecins et à la ligue régionale de lutte pour réussir les tests qui n’étaient pas adaptés : “Je pense que je suis l’un des premiers Normands à réussir une formation d’encadrement en éducation sportive. Peu de personnes en situation de handicap se lancent. J’ai envie d’être un exemple.”
Accepté en BPJEPS ( Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport), il rentre en alternance au club de lutte rolivalois début 2020. Pendant 2 ans, il initie les jeunes âgés de 3 à 13 ans à la lutte et il officie en tant qu’encadrant du sport santé.
“J’ai un rôle à jouer autour de la question du handicap dans le sport.”
Riche d’apprendre, l’esprit compétitif, la technique parfaite, la Présidente du club et son coach Robin Mullet lui proposent de participer en tant que licencié aux championnats de France de lutte adaptée, un challenge qu’il accepte sans objectif particulier. Avant de participer à cette compétition, Joris essayait de mettre de côté son handicap. “Je voulais l’effacer, je ne voulais pas le mettre en avant ni en parler”, se souvient-il alors qu’il s’entraîne d’arrache-pied pour remporter les combats, soutenu par son club et son école.
Le jeudi 7 avril, il part à Mulhouse, en Alsace, affronter les plus grands clubs nationaux. Il atterrit sur la première place du podium dans sa catégorie CD (handicap léger). Pendant la compétition, il discute avec ses adversaires, donne des conseils, partage ses pensées autour de la lutte. Un championnat qui lui ouvre l’esprit : il a un rôle à jouer. “Ça a bouleversé la vision que j’avais de mon handicap. Les autres athlètes avaient une certaine admiration de voir que j’étais sur la bonne voie pour devenir éducateur sportif. J’avais l’impression d’être utile ; j’ai désormais un rôle à jouer autour de la question du handicap dans le sport ”, explique le jeune homme qui a même eu l’honneur de discuter avec l’organisateur de la compétition et président du club de Moosch afin de lui donner des conseils pour sa section adaptée. Un champion qui veut faire bouger les choses et s’engager pour briser les clichés et rendre toutes les disciplines inclusives.
Joris terminera sa formation dans quelques mois pour ensuite se lancer dans un DEJEPS pour porter la bonne parole et devenir un modèle pour tous. En attendant, il participera ce samedi au tournoi Ranking de lutte olympique libre entouré de lutteurs de haute renommée. Une chose est sûre : il est mentalement prêt !