Rencontre avec Corinne Licitra, la nouvelle directrice de l’Arsenal !

[perfectpullquote align= »full » bordertop= »false » cite= » » link= » » color= »#B80338″ class= » » size= » »]Elle est la deuxième femme à prendre la tête d’un établissement culturel de Val-de-Reuil. À 64 ans, la nouvelle directrice du théâtre rolivalois nous partage son parcours, sa vision artistique et son amour pour son métier.[/perfectpullquote]

Pouvez-vous nous parler de votre parcours avant de prendre la direction du Théâtre de l’Arsenal ? Avec qui avez-vous travaillé ?

Corinne Licitra :
« Je suis née à Petit-Quevilly et j’ai fait toutes mes études à Rouen ! Très jeune, une belle rencontre m’a conduite à m’installer à Bourges. J’ai rapidement poussé les portes d’un grand festival, le Printemps de Bourges. Ils recrutaient beaucoup de monde pour travailler pendant l’événement. Au début, j’aidais le responsable de la communication, puis je me suis occupée de l’hébergement des artistes et des équipes en inventant des formes innovantes et curieuses. J’ai gravi les échelons jusqu’à devenir directrice de la communication et des relations publiques. J’accompagnais les officiels, et j’ai aussi participé à la première informatisation de la billetterie. J’y suis restée sept ans, c’était une formation incroyable ! 

Ensuite, j’ai rencontré une femme extraordinaire qui dirigeait le Palais des Congrès de La Baule. Ensemble, nous avons créé un festival de théâtre et un festival international du film. Comme je déteste m’ennuyer, je ne me suis jamais arrêtée. J’ai suivi des tournées d’artistes français mais aussi travaillé dans les studios mythiques avec des artistes comme Jean-Louis Murat ou Jamiroquai.
Un projet professionnel qui m’a particulièrement marquée a été ma collaboration avec TF1 pendant 19 ans sur l’organisation logistique des Enfoirés. C’était une expérience enrichissante, humaine et captivante. J’ai travaillé sur les plateaux, les tournées, en lien avec des artistes et des équipes techniques investies ! 
Parallèlement, j’ai mené d’autres projets : des émissions de variétés pour France 2 (La Chanson de l’Année), des collaborations avec des maisons de disques, des salles comme l’Olympia… J’ai toujours avancé au gré de mes envies et de mes rencontres. 
Ma rencontre avec le circassien Johann Le Guillerm a marqué un tournant : je voulais décrocher du showbiz. Je voulais décrocher du showbiz.Il m’a embarquée en tournée avec sa compagnie, et j’ai acheté une caravane (de collection:) pour les suivre  et parcouru le Monde avec eux. Un rêve d’enfant !Et finalement je me suis arrêté à Troyes pour prendre la direction du théâtre. »

Qu’est-ce qui vous a motivée à candidater ? Pourquoi Val-de-Reuil ?

C. L. :
« En tant que Normande, revenir à mes racines est une chance exceptionnelle ! Je suis partie de la région à 17 ans, mais ma famille habite toujours près de Rouen. Mon père a vu la ville nouvelle se construire. C’est la compagnie de magie normande 14:20 qui m’a parlé du Théâtre de l’Arsenal.Valentine Losseau et Raphaël Navarro sont des compagnons de route, j’aime passionnément leur travail.Ils m’ont indiqué le départ des co-directeurs, et cela a résonné en moi. Je trouve que la Normandie fait beaucoup pour la culture et que Marc-Antoine Jamet a une vision très inspirée  de la Culture ce qui n’est pas si courant pour un élu, et pour la future directrice de l’Arsenal que je suis, c’est une chance. Et puis, je ne voulais pas m’arrêter : les chaussons, ce n’est pas pour moi ! J’ai encore plein d’idées ! Être choisie pour diriger cette incroyable maison est un beau cadeau. »

Vous êtes la deuxième femme à prendre la direction d’un établissement culturel rolivalois. Comment voyez-vous votre place ?

C. L :
« Être un homme ou une femme, ce qui compte, c’est d’être à la tête d’un lieu au service de la culture.La culture a encore beaux progrès à faire en termes de parité à la direction des établissements culturels. Nous sommes trop peu nombreuses à l’échelle nationale. Il en va de même pour la création, les œuvres d’artistes féminines restent sous-représentées, nous y serons attentifs à l’Arsenal.  Tout comme nous faciliterons l’accès aux spectacles aux familles en situation mono parentale, majoritairement des femmes.Être directrice, c’est comme être cheffe d’entreprise. Et ça, je l’ai dans le sang : mon père me l’a inculqué depuis l’enfance. J’ai la chance de faire un métier au service de l’art, des artistes et du public. »

Quel regard portez-vous sur l’histoire et l’identité du Théâtre de l’Arsenal ? Quelle est votre vision artistique ?

C. L :
« Il y a un véritable héritage à faire fructifier, c’est une scène conventionnée qu’il faut faire prospérer. À ce stade, j’ai des envies qui deviendront des projets après avoir rencontré tous les acteurs du territoire. Car les projets se construisent ensemble. Je veux poursuivre le travail déjà engagé. Le théâtre doit continuer à s’affirmer, notamment dans le domaine de la danse. Nous allons développer le hip-hop avec Sofiane Chalal,danseur et chorégraphe (que vous pouvez découvrir dans le clip de Zaho de Sagazan par exemple) le premier artiste avec qui nous allons collaborer. Nous voulons sortir des murs et inviter la jeunesse rolivaloise à danser avec lui pour montrer que la culture est ouverte à tous ! Nous souhaitons aussi mettre en avant la magie nouvelle avec la compagnie 14:20, et en particulier les femmes dans cette discipline, encore peu représentées. Nous avons même l’idée de créer un réseau international de femmes magiciennes. Côté musique,nous allons développer des résidences et proposer des avant-premières de concerts. Quand à la magie nouvelle, je ne vous en dis pas plus, elle sera au coeur du projet avec un temps fort à venir… J’ai une chance énorme : l’équipe technique et administrative du théâtre est formidable !En résumé, nous travaillerons collectivement à investir passionnément ce lieu exceptionnel au service des artistes, de la création, des habitants, du public. »

Pensez-vous mettre en place des actions pour sensibiliser les jeunes ou les publics éloignés du théâtre ?

C. L :
« Je veux que l’Arsenal soit la maison de tous, que tous les Rolivalois s’y retrouvent.Nous développerons un projet que nous pourrions nommer « situé » . c’est-à-dire un projet en lien avec la spécificité de son territoire et au service des habitants. Je n’ai aucun souci à revendiquer une culture populaire et exigeante. Il n’y pas de dichotomie à cet endroit. Nous nous appuierons sur la présence des artistes en résidence pour aller à la rencontre des habitants.Nous voulons investir toute la ville : de la Voie Verte à la Dalle en passant par l’Esplanade de la Mairie. Il y a tant à faire ici ! Des ateliers parents-enfants, des bals…Je construis en ce moment la saison 25/26, une saison qui saura (j’y oeuvre) rassembler largement dans toute sa diversité. »

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