Cérémonie du 14 juillet 2016


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Nous étions rassemblés à Val-de-Reuil le 14 juillet autour de notre Monument à la mémoire et à la paix. Mémoire et paix, ces deux mots ont encore plus de force aujourd’hui.

Discours de Marc-Antoine JAMET
Maire de Val-de-Reuil
Président de la commission des finances de la Région Normandie

Cher(e)s ami(e)s,
Je vous remercie d’avoir été fidèles à cette cérémonie et de vous être réunis – avec courage – sous ce ciel normand, donc incertain.

Notre cérémonie est d’abord une manifestation d’amitié. C’est sa signification politique forte et première. Elle est en effet l’occasion de recevoir des compagnons, des partenaires, des européens. Eux et nous avons perdu un merveilleux Euro. Ils sont la 61ème nationalité de Val-de-Reuil. Je vous demande de saluer la délégation de Workington, ville si semblable à la nôtre qui, avec à sa tête Joan Wright, a décidé dix jours après le Brexit, de manifester avec éclat la force de notre jumelage. Je vous demande d’accueillir Sue Haymann, députée du Labour, membre de la chambre des communes, qui vient nous rappeler que nos deux Nations sont des sœurs.

Plus que des longs discours ou des tribunes enflammées, leur présence témoigne qu’une île peut, dans la mondialisation planétaire, se rapprocher d’un continent et doit par logique, par intérêt, par affinités s’unir à lui.

Bien-sûr pendant longtemps les Anglais ont été nos pires ennemis ! D’abord Guillaume, en partant de chez nous, les a conquis, puis ils ont brûlé Jeanne et enfermé l’empereur, conduisent à gauche et mangent porridge et pudding. Mais, depuis, nous avons compris qu’ils étaient des voisins, puis des alliés, enfin des associés et des amis. Nous partageons tant de choses ; culture, système démocratique, art de vivre. Il n’est pas jusqu’à la pluie qui ne vienne de chez eux. Mais cette cérémonie n’est pas qu’un hommage à ceux qui, en voulant rester avec nous, ne se sont pas trompés. Elle est aussi une commémoration. Le divorce a été prononcé au moment où nous devrions nous souvenir de nos noces de sang. Il y a symboliquement un peu de 11 novembre dans notre 14 juillet. Pas très loin d’ici, il y a 100 ans presque jour pour jour, en juillet 1916, débutait la bataille de la Somme, le Verdun des Britanniques. Comme à Dunkerque, puis sur les pages de Juno et Sword, la France a vu des centaines de milliers de jeunes soldats venus de Londres, Liverpool et Conventry partager défaite puis victoire. Il y a 100 ans très exactement en juillet 1916, sous le sifflet de leurs officiers, les meilleures troupes de l’empire britannique lancent l’assaut quittant leurs tranchées. 32 kilomètres. Ce sera une boucherie. A la première heure, il y a 3 000 morts ou blessés par minute, 50 par seconde. Sur 120 000 Britanniques partis dans la première vague, il y aura 20 000 morts à la tombée de la nuit. C’est le jour le plus sanglant de son histoire pour l’armée britannique. En 5 mois, il y aura 4 millions de soldats servant sous l’Union Jack qui passeront sur la Somme et 450 000 seront tués ou blessés. C’est la signification du coquelicot que nos amis portent parfois à la boutonnière. Ensemble, avec l’Allemagne, le rouge devait se mêler au bleu pacifique du drapeau européen.

Mais notre cérémonie ne l’oublions pas conserve sa propre signification. Elle n’est pas « Bastille day » et anniversaire de 1789 comme le pensent encore nos amis anglais, mais la commémoration du 14 juillet 1790, de la fête de la fédération. En ce sens, nous étions des milliers rassemblés dans la joie hier soir pour le traditionnel feu d’artifices, mais il fût précédé d’un énergique « God save the Queen » et d’une vibrante « Marseillaise ».

C’est cela que n’a pas compris Bruxelles. Nous avons besoin de proximité, de chaleur et de repères. Nous voulons être guidés par des principes : l’ordre plutôt que la délinquance, la laïcité plutôt que les communautés, le respect pour toutes les opinions et les croyances, le progrès social plutôt que la régression. Cela implique dans une commune de la volonté, de la clarté mais aussi de l’autorité. Dialoguer mais trancher. Ecouter mais décider. Il faut savoir être ferme et rester bienveillant. C’est ce qu’on appelle la responsabilité. Mon ennemi à Val-de-Reuil, comme à l’agglomération est double : l’individualisme, le sectarisme, l’injustice d’une part et je pourrais donner les noms, la démagogie, la facilité, la mauvaise foi et la bêtise d’autre part. Ici nous sommes du côté de ceux qui rassemblent et agissent dans notre société, les policiers et les professeurs, les associations et les entrepreneurs. Pas du côté de ceux qui divisent et polémiquent.

Cette cérémonie fait aussi souvent la place à une autre tradition. Elle honore nos morts. Il y a un an nous pensions à ceux du 7 janvier et nous étions Charlie, mais il y a eu ceux du Bataclan le 13 novembre et de Bruxelles le 22 mars, ceux de Bagdad et Ankara, ceux de Djeddah et Dacca, de Tripoli et Sanaa, de Tel Aviv et Gaza, d’Orlando et de San Bernardino. Il faut que cela cesse et cela passe par une lutte acharnée contre le terrorisme, celui des faits, attentats, crimes mais aussi celui des esprits qui est parfois plus proche de nous que nous le croyons.

J’ai parlé de nos morts et je voudrais saluer Christian Boncour, lovérien qui a tant fait pour l’amour de l’Angleterre et Madame Filleul, habitante pionnière de Val-de-Reuil où elle tint le débit de presse de la dalle et à qui, jusqu’à la fin, elle resta fidèle.

Je veux enfin citer trois noms Jo Cox, cette députée britannique assassinée pour avoir cru à l’Europe, et que nous n’oublierons pas, Michel Rocard, homme complexe et difficile, intelligent et tourmenté qui, à la demande de François Mitterrand et Laurent Fabius, fit de notre ensemble urbain une commune de plein exercice. J’y associe Sylvie Pellissier sa dernière femme qui fut ma belle-mère.

Enfin, une âme qui avait connu l’horreur de la Shoah a rejoint Jehovah. A la demande de Bernard Amsalem, il avait parrainé ce monument qui n’est pas un mausolée, un monument aux morts, mais un temple à la mémoire et à la paix, son vrai nom, celui qui fut donné par ses architectes Jakob et Macfarlane, est « entre ciel et terre ». C’est-là où est maintenant Elie Wiesel, mais son nom restera à jamais gravé pour l’éternité sur les murs de la cité contemporaine. Je l’avais rencontré à New-York avec Nicolas Sarkozy. Le philosophe ne l’avait pas oublié.

Il me faut en arriver au terme de cette intervention. Beaucoup de bonnes nouvelles vont accompagner Val-de-Reuil cette année. À l’automne, nous allons inaugurer une crèche, puis une autre au printemps, après la gare et la station des hauts prés. De très nombreux logements vont se construire dont la superbe réalisation verte de Manuelle Gautrand. Il y aura des entreprises qui vont s’installer, des immeubles tertiaires qui vont pousser et un centre commercial qui va démarrer. Le 19 septembre, le PRNU 2 sera validé. Les jours de fête ne manqueront pas.

Mais il y aura aussi des épreuves car nous serons en année électorale. Les coups commencent à pleuvoir. De droite ou de gauche se déclarent aux législatives des candidats qui ne sont vraiment pas fameux. L’argent de l’État qui a réformé le pays sans le relancer vient à manquer. La Région de Hervé Morin reprend, au Théâtre par exemple, les promesses de Nicolas Mayer-Rossignol. L’agglo s’éloigne de l’intérêt général et soutient des projets qui nous sont opposés, contournement autoroutier, absurdité d’une gare LGV à Louviers et numérique éparpillé. Nous en payerons l’addition pratique et financière. Le département et son président tentent, enfin, de fermer un collège, Pierre Mendes France en racontant des balivernes.

Il faudra résister pour la croissance et pour l’emploi, surmonter et dominer les épreuves, mais en s’engageant pour notre jumelage européen en repartant à la base, Joan, Sue, Barbara, Mary, Mike, Margareth ne nous ont-ils pas montré, comme notre champion Mickaël Zézé qui partira à Rio avec le 4 X 100, la voie du courage et de l’audace ?

Vive Val-de-Reuil et Workington, vive le Royaume-Uni, vive la République et vive la France !

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